Autonomisation des femmes dans une coopérative de produits biologiques au Maroc

Written by Kholoud EL MORABET

8 décembre 2021

Depuis 2011, les pouvoirs publics marocains se sont dotés d’un ministère de la solidarité de la femme, de la famille et du développement social. Les femmes paysannes ont une place prépondérante dans les efforts de développement des autorités marocaines. L’association Koulal et la coopérative de femmes Mahssoul Tassaout se sont associées pour proposer un projet d’autonomisation des femmes à travers le développement d’une économie locale au Maroc. Les deux partenaires ont lancé la mise en œuvre d’un projet de transformation de blé issu de l’agriculture biologique, qui a pour objectif de construire une économie viable pour les femmes de la région de Marrakech-Safi. Cette région agricole est très riche, mais elle manque de moyens pour développer ses activités de manière pérenne.

Entretien avec Saïd El Maouzouni, co-président, Sabry Sanae, assistante sociale de l’association Koulal et Loubna Badr-Eddine, présidente de la coopérative « Mahssoul Tassaout ».

 

– Renforcer les capacités des femmes en milieu rural

La coopérative Massoul Tassaout a commencé en 2018 à El Attaouia, commune choisie pour s’implanter, due à son taux de pauvreté très important. Le binôme d’associations a rassemblé ses forces afin de créer un projet fédérateur et ambitieux.

« Le premier objectif est la formation de deux groupes de femmes qui auront des rôles complémentaires dans la gestion de la coopérative. » explique Saïd El Maouzouni. Sabry Sanae précise « Nous souhaitons développer les compétences de dix femmes qui s’occuperont essentiellement de la transformation et de la valorisation du blé, ainsi que de cinq autres femmes qui pourront gérer les aspects administratifs, juridiques et financiers. »

Loubna Badr-Eddine de la coopérative nous explique que cette activité est l’unique opportunité de travail de certaines femmes dans la région. « C’est l’unique source de revenus pour les femmes de la coopérative, car elles sont en majorité veuves ou divorcées. Certaines d’entre elles possèdent des fermes qui ont été héritées, mais elles ne leur permettent pas de subvenir à leurs besoins. Je fais partie des 5 femmes qui gèrent l’administration et nous sommes pratiquement les seules femmes à être allées à l’école dans la commune. »

 

– Promouvoir une économie durable

Le second objectif est de promouvoir une économie et une consommation de produits durables et bio. C’est un projet de transformation et de distribution de produits dérivés du blé bio. Par ce biais, les associations vont promouvoir une consommation éthique et responsable, tout en créant une activité rémunératrice pour ces femmes. Comme l’explique Saïd El Maouzouni, « la région est bien riche en matière d’agriculture : céréale, olives, etc. L’huile d’olive est bien meilleure que celle d’Italie, mais ces produits ont du mal à trouver leurs places à l’international. Aujourd’hui, il commence à y avoir des aides nationales pour la commercialisation de ces produits internationalement et c’est dans tout cet écosystème que veut s’inscrire cette initiative». et c’est dans tout cet écosystème que veut s’inscrire cette initiative».

Pour Sabry Sanae, il s’agit de bien plus qu’un simple projet de développement. « C’est une initiative qui a beaucoup de qualités et sur le long terme, c’est un réel investissement ! »

« C’est une économie durable et viable qui est en train de se créer. Quinze femmes vont en bénéficier directement, mais il y aura aussi beaucoup de retombées indirectes. Au total, nous estimons qu’entre 400 et 500 personnes (familles, transporteurs, livreurs, vendeurs…) seront impactées de manière indirecte. » explique Saïd El Maouzouni.

 

– Travailler avec la diaspora représente un réel intérêt

Au vu des nombreuses activités de la coopérative, l’association a des besoins humains, financiers et matériels assez importants. Koulal intervient beaucoup au niveau des formations. « Dans le programme de la coopérative, on organise des cours d’alphabétisation et des séminaires. De temps en temps, on organise des visites de coopératives pour apprendre et partager notre savoir dans la région de Tassaout. On a besoin de travailler avec des associations, comme Koulal pour organiser ces formations », nous partage Loubna Badr-Eddine.

Pour Saïd, exploiter les richesses locales va de pair avec l’indépendance des locaux : « L’essentiel est d’accompagner des gens qui ont la volonté de rester dans leur pays d’origine et de trouver des activités qui les aident à subvenir à leurs besoins.» Ce projet très ambitieux propose des solutions concrètes pour pallier la précarité des habitants de la région.

 

À propos des associations partenaires

En France, Koulal accompagne des personnes précaires grâce à la réinsertion professionnelle. Elle mène également des projets de solidarité internationale. Mahssoul Tassaout, quant à elle, est une association d’éducation permanente marocaine qui promeut l’accès à la culture et qui lutte contre l’analphabétisme.

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