Portrait de Arielle Bajt, activiste pour l’éducation et l’autonomisation des jeunes femmes

Written by ADEPT

2 septembre 2019

« LA RÉUSSITE EST TOUJOURS AU BOUT DES EFFORTS ;
IL FAUT TRAVAILLER DUR, PERSÉVÉRER ET CROIRE EN SOI »

Portrait de Arielle Bajt, activiste pour l’éducation et l’autonomisation des jeunes femmes

 

  1. Parlez-nous de vous : Vos souvenirs d’enfance, votre famille.

Durant mon enfance, j’ai eu un entourage familial qui était aux petits soins avec moi. Ma mère était très aimante et toujours présente dans ma vie. Je pourrais dire que mon enfance était remplie de grâce et de bénédiction. Je suis un enfant unique qui était le fruit d’un amour de jeunesse en milieu scolaire. En effet, mes parents m’ont eu alors qu’ils étaient encore des adolescents.

  1. Quelles étaient les raisons pour lesquelles vous avez quitté votre pays d’origine et le choix de votre pays de résidence actuel ?

Mon départ vers la France était une volonté de ma famille qui préférait que j’y continue mes études. De plus, j’avais également de la famille proche qui y habitait, ce qui m’a facilité la transition. En effet, si je devais continuer mes études hors mon pays, cela devait absolument être la France puisqu’il y avait déjà un cadre familial pour m’accueillir.

  1. Parlez-nous de votre cheminement de carrière. Qu’est-ce qui vous motive et vous inspire dans votre travail ?

À mon arrivée en France, j’ai été amenée à faire des études de gestion d’entreprise suite à une décision qui était basée sur un stéréotype sur les immigré.e.s. En effet, j’étais initialement vouée à une carrière scientifique. Néanmoins, la conseillère d’éducation et d’orientation a estimé qu’avec mon niveau scientifique Africain, je ne pouvais être admise qu’en série G qui était la gestion et l’économie. En fin du compte, et après un semestre d’études, j’ai préféré continuer dans cette option qui m’a plu énormément.

J’ai continué mes études jusqu’à l’obtention de ma maîtrise de gestion des entreprises à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne. Ensuite, j’ai travaillé pendant six ans au sein des directions financières des sociétés de services avant de me lancer dans l’entrepreneuriat.

En effet, en 2003, j’ai créé mes premières sociétés de services à la personne à domicile et une société de gestion de la relation client. Aujourd’hui encore, les deux sociétés existent toujours.

De plus, j’ai développé d’autres projets, notamment dans le numérique, dont un qui a obtenu le prix de « Coup de cœur » au concours « Power Starter » avec la société Cyberelles : Les femmes du digital en 2014.

Ensuite, en 2016, j’ai créé l’association « Sènan : l’avenir de nos enfants » dont la mission principale est d’accompagner les jeunes filles et jeunes femmes à s’insérer socialement et professionnellement par l’éducation, la scolarisation, la construction de l’estime de soi, l’apprentissage d’un métier, la formation professionnelle qui pourraient leur garantir une autonomie économique et durable.

Pour moi, la réussite, que ce soit au niveau personnel ou économique, ne passe que par l’éducation. En effet, si une jeune femme est bien éduquée et formée, elle ne peut être qu’une femme dynamique qui puisse s’assumer et avancer dans la vie.

L’association Sènan est une association de solidarité internationale, dont le siège est en France avec une antenne au Bénin où nous intervenons depuis trois ans. Nos bénéficiaires en France sont de jeunes femmes en situation de vulnérabilité, des adolescents ou des jeunes femmes qui ont besoin d’un accompagnement pour s’insérer socialement ou professionnellement.

Ce qui me motive et m’inspire dans mon travail c’est ma conviction que tout est possible à celui qui croit. J’ai la croyance que la réussite est toujours au bout des efforts et, pour cela, il faut toujours persévérer, travailler dur et croire en soi.

  1. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez en tant que femme et en tant que migrante ? Si elles existent, bien sûr.

Je suis une immigrée d’origine béninoise et je suis entrée en France légalement pour poursuivre mes études. Actuellement, je me considère comme une franco-béninoise puisque j’ai intégré les deux cultures à merveille. Par contre, j’ai rencontré des difficultés en tant que femme noire, mère et chef d’entreprise. Mais au fil des années, j’ai appris à transformer ces difficultés en expérience positive grâce à ma persévérance.

Je crois qu’il ne faut pas s’arrêter aux difficultés qu’on rencontre puisqu’on les aura toujours où qu’on aille et quelles qu’en soient nos origines. Il faut savoir les dépasser ou les transformer en expérience positive pour pouvoir avancer.

  1. Que pensez-vous que nos sociétés doivent faire mieux pour assurer la pleine participation des femmes à la vie politique, sociale, économique et culturelle dans nos sociétés ?

Je pense que nos sociétés doivent d’abord écouter nos attentes et nos besoins. Également, il est important d’inviter les femmes à participer aux grandes questions sociétales en leur accordant une présence paritaire aux grandes instances de décision. En effet, le fait de participer aux réflexions et à la prise des décisions, pourrait faire avancer les choses.

  1. Comment voyez-vous le rôle de la diaspora africaine dans le développement du continent à tous les niveaux ?

Je vois une diaspora remplie des talents et des compétences qui pourrait participer réellement au développement du continent. Néanmoins, le rôle de cette diaspora ne pourrait impacter efficacement le développement du continent que si nos pays d’origine mettent en place des vrais dispositifs d’accueil et d’intégration de cette diaspora.

En effet, à force de rester longtemps hors nos pays d’origine, on devient des étrangers à beaucoup de choses, comme par exemple le fonctionnement et les mentalités. Donc, le problème est que même avec une volonté de changer les choses et de participer à des projets de développement du pays d’origine, la diaspora est confrontée à des difficultés liées au sentiment d’être un étranger dans son propre pays.

Pour cette raison, les gouvernements de nos pays d’origine devraient mettre en place des dispositifs d’accueil et d’intégration pour faciliter notre retour, nous permettant de travailler et participer pleinement au développement du continent.

  1. Quel message enverriez-vous aux jeunes filles ? Aux autres femmes pour les inspirer et leur donner un exemple ?

Les jeunes filles et jeunes femmes doivent OSER et CROIRE en leur potentiel !

Je crois que chaque personne a un potentiel unique qui peut être développé en se donnant les bons moyens. Il faudrait savoir que rien ne tombe du ciel, la réussite est toujours au bout des efforts ; il faut travailler dur, persévérer et croire en soi.

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